Le Grand Rex, son ambiance feutrée, ses fauteuils confortable et sa réputation de lieu mythique, ayant accueilli cinéastes et autres œuvres théâtrales, est un lieu de prestige s’il en est. Le samedi 5 mai, aussi cossu le lieu soit-il, ses murs vont trembler. Pour la première fois dans l’histoire de cette enceinte, ses portes vont s’ouvrir dès 10h du matin pour laisser place à l’eSport. Il est loin le temps des LANs dans les caves, du cliché du geek en marge de la société, samedi, c’est le Grand Rex. S’il est encore trop tôt pour élever le sport électronique au rang d’art, samedi l’inscrira sur la liste des divertissements acceptés dans un endroit comme le Grand Rex. Après le Bataclan, Pomf & Thud accompagnés de leur équipe s’attaquent à un lieu encore plus grand, et une fois encore, il sera plein. 2700 fans de StarCraft II seront au rendez-vous pour une journée d’exception qui verra le couronnement du champion du premier Iron Squid. Après des mois de compétition acharnée sur internet, les quatre derniers survivants débarquent à Paris, pour jouer deux matchs de haute voltige. Point commun pour les quatre prétendants au titre, tous débarquent de Corée, pas une surprise en soi quand on connait la qualité des représentants du pays du matin calme. Au menu deux matchs « miroir » qui donneront deux TvZ pour la petite et la grande finale.
aLive, la force tranquille
On ne le dira jamais assez souvent, aLive est un joueur discret. Cependant plus les tournois passent et plus il se révèle être ce qu’on pourrait appeler un « silent assassin ». En effet, le Terran va toujours loin dans les tournois et avec l’IPL4 il y a quelques semaines, il a désormais pris une dimension de champion. En quittant TSL pour Fnatic, aLive cherchait à vivre une nouvelle expérience qui lui permettrait de changer de dimension. Force est de constater que c’est chose faite, à peine transféré chez Fnatic, le joueur a atteint les demi-finales de GSL avant de remporter son premier titre à Las Vegas. aLive n’est encore une fois pas le plus attendu des quatre, mais ses chances sont vraiment raisonnables, surtout si on s’attarde sur ses derniers mois de compétitions. En effet à part une très mauvaise journée qui l’a vu terminer bon dernier de son groupe de GSL et être relégué en code A, aLive est en forme, et cet Iron Squid en est la preuve. S’il n’a pas joué contre Symbol, aLive a rencontré ses deux autres adversaires récemment. Il a battu MMA en quart de finale de GSL, et a battu NesTea en finale du winner bracket de l’IPL4, ce qui était une revanche car le Zerg avait pris le meilleur sur lui dans la pour le D de Iron Squid. Il le dit lui-même, aLive n’est pas le plus spectaculaire, mais il est terriblement efficace. C’est un des archétypes des « macro Terrans » coréens qui envoient armée après armée jusqu’à ce que leur adversaire s’écroule. Avec la présence des deux champions de GSL, aLive ne sera pas favori samedi matin, mais les spectateurs feraient mieux de le regarder attentivement, il vendra chèrement sa peau et donnera tout pour gagner.
MMA, le favori de la foule
MMA arrive à Paris avec un palmarès magnifique, GSL Code S, Blizzard Cup, MLG, IEM (à Kiev)… Il arrive également pour conquérir un nouveau titre, lui qui a toujours un palmarès vierge en 2012. En prenant tous les éléments en compte, MMA a probablement le statut de favori pour ce tournoi. Une grande expérience des événements à l’étranger, une habitude de la pression du public sous laquelle il excelle et aucun Protoss pour lui bloquer la route. Avec la qualité incroyable de son TvZ, tout laisse à penser qu’il finira avec un classement impair, premier ou troisième. Le Terran reste sur une défaite contre aLive durant la première GSL de 2012, mais comme il l’a fait contre PuMa en quart, MMA a montré qu’il était capable de prendre sa revanche. Que ce soit en petite ou en grande finale, le TvZ de MMA est particulièrement spectaculaire à regarder, à l’image du match d’anthologie qu’il avait livré contre DongraeGu en finale de la Blizzard Cup. Le Terran de chez SlayerS profitera de son style spectaculaire pour conquérir le public, lui qui dit tirer sa force des spectateurs, les 2500 âmes du Grand Rex devraient être assez bruyantes pour le faire jouer à son maximum.
NesTea, le dieu des Zergs
Le seul homme à avoir réussi à gagner une GSL sans même perdre ne serait-ce qu’une map, et pourtant son palmarès international reste vierge. C’est un peu gênant pour la légende Zerg d’être devant une feuille blanche quand ses pairs ont gagnés MLG, IEM ou WCG. Certes, les apparitions de NesTea à l’étranger restent rares, mais le Zerg souhaite désormais ardemment pallier à ce manque. NesTea a changé d’attitude en 2012, il s’est qualifié pour la première MLG Arena, a disputé l’IPL4 où il a atteint le podium et a bien sûr accepté l’invitation pour Iron Squid. Après avoir échoué près du but à Las Vegas, voilà le Zerg à Paris à seulement deux matchs du bonheur. Il le dit, l’enchainement de matchs l’épuise, et étant donné qu’il fait partie des « vieux » progamers, il est légitime de penser que l’accumulation ne joue pas en sa faveur. Avec Iron Squid, NesTea a des conditions proches de celles en GSL : il connait son premier adversaire, ainsi que la race du deuxième. Il pourra se préparer à sa guise, pour affronter dans un premier temps Symbol puis un macro Terran. Même si NesTea a toujours été impérial en ZvZ, il aura surement fort à faire contre Symbol. Le joueur LG-IM devra être particulièrement vigilant s’il ne veut pas subir le même sort que MKP. NesTea est un favori dans tout matchs à plusieurs manches en ZvZ, sa demi-finale ne sera pas une exception, son ZvT a souvent été un frein, mais à sa décharge il est souvent tombé sur son coéquipier sur la route du titre. Iron Squid pourrait bien être le trophée que tous les fans de NesTea attendent.
Symbol, la belle histoire
Inconnu pour beaucoup au début du tournoi, Symbol vient chercher la gloire à la force du clavier. Le Zerg a dû passer par le premier tournoi de qualification pour participer au tournoi, et s’est vu récompenser par un groupe en compagnie de MC et Mvp. En phase de poule, Symbol n’a pas vraiment réussi à créer la surprise, il a été battu par les deux favoris du groupe et a réussi à s’imposer contre les deux foreigners, IdrA et ThorZaIN. Coup de pouce du destin, Mvp passe complètement au travers de son match contre IdrA et Symbol passe grâce à une meilleure différence de points. Voilà le Zerg en quart de finale et personne ou presque n’aurait parié sur lui avant d’affronter un MarineKing au top de sa forme. Symbol fait fi des pronostiqueurs et inflige une véritable correction au Terran, remportant son Bo5 en à peine plus d’une demi-heure. Le Zerg débarque ainsi à Paris avec encore une fois le costume de l’outsider, entouré de trois monstres de StarCraft II. Symbol est ambitieux, et souhaite faire de Iron Squid sa vitrine, son premier fait d’armes. S’il parvient à prendre un Bo5 à NesTea en ZvZ, il s’inscrira sur une liste très courte, et déjouera une nouvelle fois les côtes. Symbol n’a de toutes façons rien à perdre à Paris, être arrivé aussi loin dans le tournoi est déjà une réussite et son parcours de petit poucet lui a déjà attiré de nombreux fans, les français ayant souvent une affection toute particulière pour les « petits », le Grand Rex le portera surement dans sa quête.
Quel que soit le vainqueur, soyez prêts pour un show d'anthologie !